L’histoire du mercredi, 29 juin 2022, c’est celle de l’une des pires pandémies de l’histoire, soit la peste noire! Cette pandémie de peste a atteint l’Europe en 1346 par le bassin méditerranéen via des navires transportant des marchandises depuis la Mer noire. À bord de ses navires, outre la cargaison et les passagers, il y avait des petits clandestins: des rats noirs infestés de puces porteurs de la peste bubonique. Et ainsi, l’un des agents pathogènes les plus meurtriers a été libéré aux ports de l’Europe. Rapide et fatale, les conséquences furent: maladie, souffrance et mort à une échelle cataclysmique. Jusqu’à 60% de la population d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a été tué en huit ans par la mort noire.
L’identification de l’agent pathogène responsable de la maladie
Premièrement, en 1894, l’agent pathogène responsable de la maladie a été découvert par les bactériologistes Kitasato Shibasaburo et Alexandre Yersin. Ils ont découvert simultanément le bacille de la peste, bactérie de forme allongée dite « en bâtonnet ». Ils l’ont baptisé Yersinia pestis, une bactérie que transportent les puces proliférant sur les rats et autres petits rongeurs. Les bacilles se multiplient dans l’intestin de la puce. En mordant son hôte, la puce régurgite les bacilles dans le corps de ce dernier pour l’infecter. Et normalement, ça se produit dans un cycle fermé entre les puces et les rongeurs. La bactérie se propage à un rythme tel qu’elle tue ses hôtes rongeurs. Cela avait forcé les puces à trouver de nouveaux hôtes, soit les hommes. L’infection se propageait facilement. Les rats étaient attirés par l’activité humaine, et particulièrement par les vivres conservés dans les granges, moulins et maisons.
Les symptômes
Puis, les symptômes de la peste noire. La période d’incubation était très longue, variant entre 16-23 jours avant l’apparition des premiers symptômes. Trois à cinq jours plus tard, la victime en mourrait. C’était trop tard lors de la compréhension de la cause du décès et de la pleine conscience du danger.
Les nodules du système lymphatique des patients étaient affectés, provoquant des gonflements de l’aine et des aisselles. Ces symptômes initiaux s’accompagnaient de vomissements, de maux de tête et d’une fièvre très élevée faisant trembler les malades.
3 formes de la peste noire
En premier, la peste bulbonique comme forme plus courante de la peste noire. La glande lymphatique était enflammée et largement connue sous le nom de bubon. Cela a donné naissance au terme de peste bubonique.
En deuxième, la peste septicémique, comme l’une des autres variantes de la peste. Elle infectait le sang de la victime, provoquant des taches visiblement noires sous la peau. C’est probablement ce qui a sans doute donné son nom à la peste noire.
En troisième, la peste pulmonaire affectait le système respiratoire, faisant tousser la victime. Cela facilitait d’autant l’infection par projection de gouttelettes. Dans la période médiévale, les pestes septicémique et pneumonique avaient un taux de mortalité de 100%.
L’origine exacte de la peste noire
Enfin, l’origine de la pandémie de la peste noire. Selon une étude mettant fin à près de sept siècles de questionnements, elle aurait émergé en Asie centrale au Kirghizistan. Les chercheurs ont pu remonter à la source grâce à l’extraction de l’ADN humain ancien depuis un site funéraire du XIVe siècle dans le nord du Kirghizistan. Sur plus de 400 pierres tombales de ce site funéraire, une centaine datait précisément de 1338-1339. Avec une épitaphe mentionnant « mort de pestilence« , en ancien syriaque. Phil Slavin, l’un des auteurs de l’étude et professeur à l’Université de Stirling connaissait l’existence de deux sites funéraires médiévaux. Ces sites funéraires situés près du lac d’Issyk Kul au Kirghizistan avaient été fouillés à la fin du XIXe siècle.
Les chercheurs ont fouillé dans l’ADN dentaire de sept squelettes afin de trouver la cause des décès. Une des auteurs de l’étude, Maria Spyrou de l’Université de Tübingen en Allemagne, explique: « La pulpe dentaire est une source précieuse, car c’est une zone très vascularisée qui donne une forte chance de détecter des pathogènes dans le sang« . L’ADN avait été séquencé, puis comparé à une base de données contenant le génome de milliers de bactéries. Le Verdict: les corps étaient infectés par la bactérie Yersinia pestis, le bacille responsable de la peste noire, transmise à l’homme par les puces des rongeurs.
Cette communauté avait donc bien été victime du même fléau qui a frappé l’Europe quelques années plus tard. Les analyses du génome de Yersinia pestis ont également révélé qu’il s’agissait d’une souche ancestrale de la bactérie. C’était celle qui se trouve à la base de « l’arbre génétique » de la peste. Cette communauté chrétienne, ethniquement diversifiée (Mongols, Ouïghours…) pratiquait le commerce au long-cours. Phil Slavin avance : « Vivant au cœur des routes de la soie, ils ont dû beaucoup voyager, ce qui a joué un rôle dans l’expansion de l’épidémie via la Mer noire. »
Pouvez-vous imaginer une pandémie sans programmes et consignes d’hygiène appropriés, sans vaccins et sans assainisseurs à mains ou désinfectants à surfaces?
Sources et traductions libres de:
– https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2020/03/pourquoi-les-medecins-de-la-peste-portaient-ils-ces-droles-de-masques
– https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/04/rapide-et-fatale-comment-la-peste-noire-devaste-leurope-au-14e-siecle
– https://www.rtbf.be/article/histoire-de-la-sante-apres-des-siecles-de-mystere-on-connait-enfin-l-origine-exacte-de-la-peste-noire-11013317
– https://www.nature.com/articles/d41586-022-01673-4