Barbes et infections nosocomiales, font-elles bon ménage?
Les barbes, comme vous avez pu le remarquer, sont de retour. Qu’il s’agisse de barbe complète, d’une barbe hipster ou d’une simple moustache, les barbes sont bien populaires. Il est donc normal de se questionner sur la flore microbienne que ces barbes transportent.
Certaines critiques affirment que les barbes ne sont pas seulement mal propres, mais peuvent potentiellement héberger des bactéries pathogènes.
Cette peur des barbes, connue sous le nom de pogonophobie, est-elle justifiée?
Une récente étude scientifique, menée dans un hôpital américain, est venue à des conclusions très différentes. Dans cette étude, publiée dans le Journal of Hospital Infection, les chercheurs ont prélevé les bactéries des visages de 408 membres du personnel hospitalier avec et sans poils au visage.
Ils avaient de bonnes raisons de le faire. Nous savons que les infections nosocomiales sont la quatrième cause de mortalité aux États-Unis et au Canada. En moyenne, 1 patient sur 10 va contracter une infection lors de son séjour à l’hôpital. Mains, sarrau, cravates et équipements ont tous été mis en cause, mais que dire des barbes?
Des résultats étonnants
Eh bien, les chercheurs ont été surpris de constater que le personnel rasé de près, et non les barbus, était plus susceptible d’abriter des microorganismes pathogènes. Le groupe imberbe était trois fois plus susceptible d’être porteur d’une espèce connue comme le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) sur leurs joues rasées. Le SARM est une source particulièrement fréquente et pénible d’infections nosocomiales, car il est résistant à un grand nombre d’antibiotiques.
Comment l’expliquer? Les chercheurs ont suggéré que le rasage peut causer des microabrasions dans la peau qui peuvent soutenir la colonisation et la prolifération bactérienne. Certains avancent aussi que la flore microbienne de la barbe préviendrait la colonisation avec des bactéries pathogènes. Allons-nous un jour isoler de nouveaux antibiotiques dans la barbe des travailleurs de la santé? À suivre…
Source : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0195670114000905
Merci et bonne suite à toi aussi!
Idrissa.
Bonjour Rémi,
Je suis Idrissa Samandoulgou; j’ai eu la chance et le plaisir de te côtoyer un laps de temps au labo de Julie lors de mon Ph.D. J’espère que tes recherches se poursuivent bien. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ton article que j’ai également aimé (« Like »). En ce qui concerne les conclusions tirées par les auteurs, je pense qu’ils ne devraient pas exclure le fait que la barbe est un endroit quasi inanimé (du moins pour la partie visible…) en dehors d’un apport extérieur d’éléments nutritifs. Et, d’après moi, cet état de fait n’offre pas suffisamment de substrat aux bactéries qui en ont pourtant besoin pour leur croissance et leur multiplication. Bien évidemment, en dehors de petites poussières dont peuvent se nourrir les bactéries chimio-lithographes qui du reste ne sont pas des bactéries commensales de l’homme, je ne pense pas qu’il y ait suffisamment de nutriment pour permettre un bon métabolisme bactérien (ce qui est ‘a vérifier cependant!). De plus, je ne sais pas si la microstructure des barbes permet aux bactéries d’y adhérer fermement ou non (peut-être une piste a explorer?). Sans vraiment rentrer dans le détails « pathogènes ou non-pathogenes », de mon avis, la forte présence de bactéries chez les gens rasés a effectivement du bon sens car, en dehors des micro-abrasions qui peuvent héberger les bactéries, la sueur et les déchets physiologiques qu’elle rejette peuvent fournir suffisamment de quoi « nourrir et faire prospérer » des bactéries. Ce qui peut probablement expliquer cette forte présence. Cette assomption basée sur ma culture générale de bactériologie pourrait également constituer une bonne hypothèse ‘a vérifier. Merci pour l’article. Vu que les choses évoluent vite de nos jours, n’hésite pas ‘a me donner des nouvelles qui permettront de me remettre ‘a jour.
Bonne suite et au plaisir de te lire bientôt.
Cordialement,
Idrissa.
Bonjour Idrissa,
Effectivement, bien qu’on parle d’une flore présente sur la barbe, celle-ci ne doit pas être très active. Il reste beaucoup à comprendre en ce qui concerne les interactions entre ce genre d’environnement et leur rôle dans les infections nosocomiales. Tes hypothèses sont bien intéressantes! Merci de lire notre blogue c’est très apprécié.
Bonne chance dans tes projets futurs,
Rémi